Langues de machos

Damien published on
3 min

Tags: Monde

Les langues disparaissent plus vite que les espèces animales, j'ai du mal à la croire. Etant donné la catastrophe qui s'annonce au niveau des espèces végétales et animales, c'est un ouragan/tsunami/tremblement de terre qui doit être en train de ravager les langues humaines!

Selon l'Unesco :


  • Plus de 50% des 6000 langues du monde sont en danger de disparition

  • 96% des 6000 langues au monde sont parlées par 4% de la population mondiale

  • 90% des langues au monde ne sont pas représentées sur Internet

  • 1 langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines

  • 80 % des langues africaines n’ont pas de transcription écrite


Inquiétant tout ça.

Mais après tout, les langues suivent l'évolution des cultures et leur rayonnement. Les Etats-Unis dominent économiquement la planète et ont largement imposé l'anglais. On peut faire le pari (sans trop délirer) que le chinois sera une langue incontournable d'ici la fin du siècle, au même titre que l'anglais aujourd'hui.
Le latin a bien disparu avec la chute de l'empire romain, mais la culture associée a perduré au travers des langues latines qui en découlent (français, italien, roumain, ...).

Parmi toutes ces langues qui disparaissent, peu laissent des traces suffisantes pour maintenir la culture associée, qui disparaissent alors à jamais.

Revenons-en à nos langues de machos, le sujet de ce billet. La culture fait la langue, la langue fait la culture, difficile de savoir qui est l'oeuf ou la poule, les deux sont intimement liés. Prenons un exemple simple, en français.
J'ai toujours entendu pendant la scolarité, "le masculin l'emporte" (évidemment, c'est d'orthographe dont je parle ;o)).
Un homme et un milliard de femmes sont heureux.

Si c'était le nombre qui l'emportait, toutes ces personnes seraient heureuses, mais le français décide autrement. Comment ne pas être influencé par une telle phrase, que l'on entend depuis son plus jeune âge, une fois adulte ? La langue entretient des comportements, qui à leur tour, façonnent et orientent la langue. On se rappelle les tentatives récentes de féminisation des mots de la langue française en espérant qu'un jour ces mots influenceront différemment les esprits.

Quand je réfléchis à ça, je pense souvent au pauvre "das Mädchen" (la fille) allemand, qui est du genre neutre. On ne peut pas faire pire je trouve ...